Gouvernance

Que retenir de l’affaire de l’activisme actionnarial chez Lagardère ?

L’activisme actionnarial n’épargne plus la France. Les fonds activistes ont bel et bien pénétré les sociétés européennes et hexagonales. Ces actionnaires bouleversent les entreprises dont ils intègrent le capital : ils visent en effet à initier de nouvelles mesures, parfois radicales, pour maximiser la rentabilité de leurs investissements. Critiqués par certains pour leurs effets négatifs sur les entreprises, ils ne sont pourtant pas nécessairement intéressés par le profit à court terme. Le groupe Lagardère fait face depuis le début 2020 à une nouvelle campagne du fonds d’investissement Amber Capital visant à écarter le fils du fondateur, Arnaud Lagardère, de sa direction.

 

Rappel des faits concernant l’affaire d’activisme actionnarial chez Lagardère

Le groupe Lagardère est une société cotée française créée par Jean-Luc Lagardère en 1992. Ses activités concernent principalement l’édition, les boutiques d’aéroport et les médias. Depuis le décès de son fondateur en 2003, l’entreprise est dirigé par son fils, Arnaud. Entré au capital en 2016, le fonds britannique Amber Capital est le premier actionnaire de la société hexagonale.

Depuis quatre ans, l’activisme actionnarial d’Amber Capital fait parler de lui. Il cherche à exclure Arnaud Lagardère de la tête de l’entreprise. Sa gouvernance et sa gestion impactant les performances du groupe sont régulièrement critiquées.

En mars 2020, Amber Capital a déclaré demander un renouvellement total du conseil de surveillance du groupe Lagardère. C’est lors de l’assemblée générale de la société du 5 mai 2020 qu’un vote a eu lieu. Le but était d’obtenir l’avis des actionnaires sur les résultats de sa gestion par Arnaud Lagardère.

À travers cette campagne, Amber Capital souhaite également une simplification de la structure juridique de la société Lagardère avec l’abandon de la forme en commandite. Enfin, l’activiste anglais évoque une baisse des coûts de la structure et une mise à jour de la politique de dividende.

L’assemblée générale du groupe Lagardère du 5 mai 2020 a conclu au rejet de la proposition d’Amber Capital et reconduit les membres du conseil de surveillance. Tenue en plein confinement et à huis clos, la réunion a néanmoins vu un vote contrasté. Le programme d’activisme actionnarial de Joseph Oughourlian, fondateur et dirigeant du fonds Amber Capital, a convaincu certains investisseurs. Les propositions de nomination ont été refusées par les votes des actionnaires à 55 – 68 %.

Cependant, l’avenir du groupe Lagardère ne semble pas scellé. Au contraire, les spéculations vont bon train. Le titre de la société a chuté de 6 % suite à l’assemblée générale.

 

Activisme actionnarial : menace ou opportunité pour les entreprises françaises ?

Les avis divergent et le sujet divise. L’activisme actionnarial peut-il être bénéfique pour les entreprises ? Doit-il être systématiquement néfaste ? Découvrez notre analyse ici.

 

Le manque de contre-pouvoir dans le groupe Lagardère

Héritier de son père, le fondateur du groupe éponyme, Arnaud Lagardère n’est que le 3e plus grand actionnaire de l’entreprise qu’il dirige. Avec 16,4 % du capital, Amber Capital est l’actionnaire majoritaire, suivi du Qatar à 14 %.

La campagne d’activisme actionnarial d’Amber Capital dénonçait les problèmes de gestion et le manque de performances boursières du groupe, mais elle n’a pas produit les effets escomptés. Arnaud Lagardère a ainsi pu se maintenir.

Le fonds activiste anglais, qui n’agit clairement pas dans une logique court-termiste n’a, malgré son statut de premier actionnaire, pas réussi à infléchir la stratégie du groupe.

Propulsé à la direction de la société en commandite en 2003, Arnaud Lagardère a pourtant initié en près de deux décennies des changements contestés. Il est, en effet, régulièrement fait état de la réduction du périmètre des activités de l’entreprise avec diverses cessions. Le dirigeant a développé de nouveaux domaines d’activité avec des investissements considérables qui n’ont pas eu de retour suffisant.

Au niveau boursier, l’action cède de 43 % depuis le début de l’année 2020, contre une chute de 24 % du SBF 120. Enfin, Arnaud Lagardère a fait diverses annonces face à la pandémie de coronavirus Covid-19. Ainsi, il a annoncé la suspension des prévisions du groupe, mais le maintien du versement de son dividende, limité à un euro par action, contre 1,30 € prévu à l’origine. Certains analystes critiquent cette initiative, prétextant que le niveau relativement élevé de la dette du groupe allait davantage vers une suspension du dividende afin de soulager la trésorerie.

Malgré tous ces faits, la campagne d’activisme actionnarial initiée par Amber Capital n’a pas reçu l’écho souhaité. Il avait déjà essayé en 2018 mais le fonds activiste n’a pas eu gain de cause.

Peu commun en France, le statut de commandite de la société participe amplement à l’échec des actions entamées par l’actionnaire activiste britannique. En effet, l’éviction du gérant commandité est extrêmement délicate. Dans le cadre d’une société en commandite, les actionnaires ne disposent que d’un pouvoir limité sur les orientations stratégiques de la firme.

C’est pourquoi Amber Capital avait choisi de lancer sa campagne sur le renouvellement du conseil de surveillance. En effet, ce dernier a le pouvoir de s’opposer au renouvellement du mandat du gérant. Or, celui d’Arnaud Lagardère doit avoir lieu en mars 2021.

 

L’importance de la démocratie actionnariale

Les assemblées générales sont le lieu phare d’exercice de la démocratie actionnariale. Même si toutes ne revêtent pas autant d’importance pour le devenir d’un organisme, elles sont le cœur même de l’expression des opinions des détenteurs du capital et de l’activisme actionnarial. Ces organes souverains des entreprises représentent l’édifice sur lequel elles se fondent.

Une assemblée générale prend les décisions les plus vitales, pour la société, son avenir et sa pérennité. Elle doit mettre en lumière de façon fiable et transparente les dysfonctionnements et assurer les performances de l’organisme.

L’assemblée générale organisée par le groupe Lagardère en mai 2020 a, en matière de démocratie, posé quelques questionnements. Fallait-il organiser une séance aussi déterminante pour l’avenir de l’entreprise malgré l’état d’urgence de crise sanitaire du coronavirus et le confinement ? Pourquoi la tenir à huis clos ? Le dialogue actionnarial a-t-il bien été stimulé par cette configuration ?

Avant l’assemblée générale, l’Autorité des marchés financiers est même intervenue. Elle a publié dans un communiqué une injonction pour garantir « le droit fondamental des actionnaires d’exprimer leur vote en assemblée générale ».

La campagne d’activisme actionnarial menée par Amber Capital vise également à faire jouer des leviers démocratiques. Ses critiques de la gouvernance exercée par Arnaud Lagardère, sans contre-pouvoir sont au cœur de ses actions. Le fonds d’investissement s’est pourtant avancé avec une stratégie rationnelle et sérieuse mettant en lumière de nombreux dysfonctionnements. S’il n’a pas (encore) convaincu, cet activisme actionnarial a ouvert les voies d’une démocratie critique et constructive visant l’intérêt général de tous les actionnaires.

 

Si Arnaud Lagardère a réussi à déjouer la stratégie d’activisme actionnarial d’Amber Capital, cette affaire n’est pour autant pas close, comme le montre l’alliance entre Vivendi et Amber Capital. La question du renouvellement à venir en 2021 de son mandat reste dans toutes les têtes. En attendant, les spéculations sont nombreuses sur les stratégies des différentes parties prenantes : Amber Capital, le Qatar, les nouveaux actionnaires Vincent Bolloré (Vivendi) et Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac). Les nouvelles orientations proposées par Arnaud Lagardère interrogent aussi, tout comme les incertitudes liées à la situation actuelle de crise sanitaire.

 

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