Problèmes et tendances
CA : revoir les critères ESG pour qu’ils boostent l’entreprise
Surperformance boursière, résilience notoire à la crise sanitaire, opinion publique conquise… Les entreprises dotées de critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) solides résistent particulièrement bien aux tensions financières actuelles. La tendance à la responsabilité sociale des entreprises semble irrépressible.
Le conseil d’administration a un rôle central dans la définition de ses critères et dans l’évaluation des performances de l’entreprise en la matière. La dynamique butte cependant encore, faute de consensus entre administrateurs. Pourquoi les indicateurs ESG deviennent incontournables, et comment faire pour trouver une entente à leur propos au sein du CA ?
Les critères ESG, une tendance impérieuse
Pour rappel, les indicateurs ESG – Environnement, Social, Gouvernance – constituent un ensemble d’indicateurs définis par le conseil d’administration. Ceux-ci visent à faciliter l’évaluation de la politique de Responsabilité Sociale de l’Entreprises (RSE).
Plusieurs événements sociétaux laissent penser que les critères ESG font partie d’une tendance de fond dans les entreprises européennes :
- Macron a fait de la RSE une de ses priorités lors du Forum Économique Mondial ;
- La Commission européenne a organisé une consultation publique sur la gouvernance d’entreprise durable ;
- Le Royaume-Uni prévoit d’imposer la divulgation financière liée au climat d’ici à 2025.
Ces réalités sociétales amènent certains chercheurs à penser que la dynamique qui soutient la durabilité des entreprises va s’amplifier. Et ce, malgré les tensions économiques liées à la crise sanitaire de la COVID-19. Il deviendrait ainsi impossible, pour les entreprises françaises, de se passer du souci de définir leurs critères ESG afin de développer de meilleures pratiques.
- Craig Smith, professeur en responsabilité sociale, s’associe notamment avec Ron Soonieus, conseiller principal chez Boston Consulting Group, pour affirmer cette tendance irréversible. Dans un article récent paru dans Knowledge (How Boards Can Steer Companies to “Build Back Better”), les deux auteurs s’interrogent cependant sur un paradoxe. Leurs travaux auprès d’administrateurs européens de 50 entreprises de renom les amènent effectivement à conclure que les CA restent assez partagés sur les indicateurs ESG.
Certains administrateurs croient qu’il faut penser ESG pour résister à la crise économico-sanitaire. D’autres estiment au contraire que celle-ci impose avant tout de se préoccuper de la survie financière à court terme de l’entreprise. Cette dissociation se vit au sein même de nombreux CA aujourd’hui en France. Tout laisse pourtant penser que les critères ESG permettent de créer de la valeur durablement, même en période d’instabilité financière.
Pas de responsabilité sociale d’entreprise sans mettre la diversité au cœur de la gouvernance
Si la situation actuelle tend à se focaliser sur les risques sanitaires et écologiques, d’autres menaces planent aussi sur l’entreprise. L’une d’elle relève de la diversité des acteurs de la gouvernance d’entreprise – et notamment du CA -, sans laquelle l’entreprise perd en potentielle performance. Cette diversité, sous toutes ses formes, fait partie des fondements de la bonne gouvernance des sociétés, auxquels nous avons dédié un livre blanc.
Une meilleure résilience face aux crises grâce à la RSE
La pandémie en cours met les entreprises face à une réalité incontestable : les crises prévisibles, mais mal préparées, entraînent des dépenses faramineuses. Ce qui est vrai pour une épidémie de coronavirus l’est cependant aussi pour les questions de cybersécurité ou de crise climatique. Si ce n’est que cette dernière relève moins de l’hypothèse que d’une réalité déjà en cours.
L’urgence climatique impose donc d’investir rapidement les indicateurs ESG. Dans un article récent où nous exposons aux administrateurs pourquoi s’engager dans une démarche RSE, nous revenions sur les impressionnantes performances des entreprises aux engagements RSE les plus solides :
- Plus résilientes face à la crise sanitaire, les entreprises qui intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ont réalisé des surperformances en bourse ;
- Cette résistance s’explique par une plus grande capacité à rassurer l’opinion publique ;
- Les entreprises aux indicateurs ESG clairs et régulièrement évalués font aussi preuve de politiques de ressources humaines rassurantes, dans un contexte où la distanciation sociale, le télétravail et le chômage partiel inquiètent ;
- Les politiques RSE fiables permettent d’éviter les problèmes d’approvisionnements dans les secteurs industriels.
La responsabilité sociétale fait donc partie intégrante des différentes stratégies à mettre en place pour assurer la pérennité de l’entreprise. Elle demande cependant un gros travail de définition préalable des critères ESG, lequel est au cœur du travail des conseils d’administration.
Comment les CA peuvent-ils tomber d’accord sur les indicateurs ESG ?
Dans leur article sur la reconstruction post-crise des entreprises, N. Craig Smith et Ron Soonius propose 6 pistes pour aider les conseils d’administration à développer une vision consensuelle de la RSE et des critères ESG :
1. Repenser la raison d’être de l’entreprise
Les deux auteurs proposent de réfléchir à ce que signifie la création de valeur pour l’entreprise. Sa raison d’être, définie par la Loi PACTE, se doit effectivement d’être cohérente avec le principe de durabilité et avec les évolutions de la société. Une culture d’entreprise réaliste a effectivement plus de chance de motiver les collaborateurs qu’un positionnement éloigné des objectifs de développement durable internationaux, et de prévention des différentes crises (sanitaires, cyber, écologique, environnemental, financière etc.).
2. Dédier une séance du conseil à la durabilité de la société
Cette séance doit permettre au PDG de fournir toutes les données qui permettent d’évaluer les progrès de l’entreprise face aux questions environnementales, sociales et de gouvernance. Ses avancées – et stagnations – doivent aussi se comparer avec la façon dont les entreprises concurrentes traitent de ces problématiques.
Les auteurs conseillent également de remettre à plat les différents risques que l’entreprise a déjà identifiés et de s’assurer de combler toutes les lacunes en la matière. Les stratégies prévues par les plans de gestion de crise doivent être actualisées à la mesure des dernières données en matière de développement durable, de cybersécurité, de risque systémique ou économique.
3. Sonder les états d’esprit concernant les critères ESG
Cette séance doit aussi être l’occasion d’évaluer le modèle ESG qui prédomine au sein du CA. La composition du conseil comprend-t-elle suffisamment d’administrateurs ayant un intérêt pour la gestion des risques ? Pour les questions de gouvernance, de mixité, de développement durable ? De lutte contre les exclusions et les inégalités ?
Cette mise à plat peut amener à recruter de nouveaux membres du board, plus spécialisés dans ces questions. Il faut, dans tous les cas, prévoir une série de mesures pour que le conseil inclut davantage les critères ESG dans son travail quotidien.
4. Réorganiser le conseil en fonction de la RSE
L’article paru dans Knowledge recommande par ailleurs de redéfinir le comité chargé de la définition et de l’évaluation des indicateurs ESG. Il suggère également, si nécessaire, de procéder à la création d’un comité dédié, voire même de se soumettre à un processus d’évaluation externe de la performance dans ce domaine.
5. Évaluer le degré d’information du conseil en matière d’environnement, de mesures sociales et de gouvernance
Le CA doit s’abreuver régulièrement d’études récentes sur les performances des concurrents en matière de RSE. S’il a besoin de ressources supplémentaires, le problème doit se traiter rapidement.
Ces informations doivent permettre de s’assurer que les critères ESG choisis restent cohérents avec la réalité de la direction générale. Celle-ci se confronte notamment à une conciliation toujours ardue entre performance économique et résilience. Deux notions entre lesquelles il faut trouver un équilibre pour aligner les intérêts de toutes les parties prenantes.
6. Prendre la mesure des dysfonctionnements
Les administrateurs doivent être à l’écoute des critiques internes, et éventuellement externes, quant aux indicateurs ESG choisis jusqu’ici. Ils doivent aussi interroger la vision qu’ont les parties prenantes d’une démarche raisonnable et durable, pour prioriser les “dénominateurs communs”.
Les auteurs préconisent en outre de s’intéresser aux difficultés qu’impliquent les critères ESG dans les différents départements ou filiales de l’entreprise. Ces problématiques doivent se confronter aux nouveaux critères ESG choisis, pour évaluer leur capacité à installer une stratégie RSE pertinente.
Collaboration de crise pour les conseils d’administration
Aujourd’hui, c’est la crise sanitaire liée au coronavirus, demain ce peut être une catastrophe écologique ou un piratage informatique. Dans chacune de ces situations, le rôle principal du CA consiste à assurer une communication efficace et néanmoins sécurisée avec les parties prenantes. D’où la nécessité de choisir les bons outils. Découvrez notre outil Diligent Boards au cours d’une démonstration gratuite. Celui-ci se dédie à la simplification, mais aussi à la sécurisation des collaborations entre administrateurs.
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