L’équilibre mondial est en jeu : marche à suivre pour réussir dans le domaine de l’ESG

Même si le terme ESG est encore relativement nouveau, les organisations en ont ces dernières années changé l’approche.

Encore récemment, la plupart des mesures ESG étaient volontaires et seulement considérées « souhaitables », faisant preuve de la bonne volonté et de l’engagement d’une entreprise envers les meilleures pratiques. Aujourd’hui toutefois, en vue de répondre aux demandes des parties prenantes et de rester conformes aux réglementations en constante évolution, les cadres ESG s’avèrent incontournables pour la majorité des organisations.

Plus encore, nombre de parties prenantes comptent sur les pratiques ESG d’une entreprise pour définir et justifier sa mission, ainsi que son incidence sur la société au sens large.

Ce changement requiert une réponse collective aux défis ESG actuels, de la part des entreprises, du grand public et des gouvernements.

Lors du Modern Governance Summit 2022 (MGS), un groupe de spécialistes en climat, diversité et politiques a débattu de l’importance croissante de l’ESG, et de la façon dont les organisations peuvent accorder la priorité aux questions concernant l’ESG pour préparer la voie vers une réussite à long terme.

Le rôle du conseil

Pour certains, les risques sont proportionnels au volume des réglementations, ce qui se vérifie rarement, comme l’a expliqué Veena Ramani, directrice de recherche chez FCLTGlobal.

« Le manque d’engagement de la part des gouvernements en matière de changement climatique suppose une augmentation des risques, au lieu de les éliminer », a déclaré Ramani. « Il revient au conseil de collaborer avec la direction et d’assurer que l’organisation prend des décisions intelligentes lui permettant de se positionner pour une résilience et une réussite à long terme. »

Les conseils doivent en effet étudier, voire repenser, la mission de l’entreprise en répondant à des questions introspectives : quel est l’objectif de notre entreprise ? Qu’apportons-nous au monde, qui crée de la valeur avec le temps ?

En tant que responsable d’une entreprise, le conseil doit par ailleurs travailler avec la direction pour permettre à l’entreprise de créer de la valeur et de la résilience à long terme, pour un avenir qui s’annonce inévitablement à faible teneur en carbone.

« Il y a de l’argent à faire lors de la transition vers une économie sans carbone, et les entreprises qui agissent en ce sens afficheront une bonne santé », a déclaré Michael Levine, chef de la durabilité, vice-président de la durabilité et conseiller juridique chez Under Armour, Inc.

Comment les conseils allouent-ils de façon efficace les capitaux, afin qu’une organisation soit résiliente et ne manque pas d’opportunités lors de sa transition vers une approche plus durable ?

Ramani conseille d’aborder les initiatives ESG comme toute autre décision commerciale. « Tout est question de risques et d’opportunités », a-t-elle expliqué. « Un grand nombre d’entreprises font l’erreur de considérer les enjeux environnementaux comme un silo, isolés du reste de l’organisation. Il existe pourtant des questions et des risques d’ordre commercial et financier qui doivent être traités en tant que tels et analysés via les systèmes de gestion des risques des entreprises. Il faut identifier les risques et les opportunités, puis trouver la voie vers une réussite à long terme. »

Trouver la clarté au milieu du chaos

Malgré sa logique commerciale claire, l’ESG est devenu un sujet de division dont les détracteurs vont de leaders du congrès à Elon Musk. La controverse autour de l’ESG nous montre pourtant que ces questions sont plus pertinentes que jamais.

Pour ne pas se laisser distraire par tout ce bruit, les entreprises doivent s’efforcer de conserver les personnes au centre de leurs initiatives ESG.

Les dirigeants peuvent œuvrer à démystifier l’ESG en fuyant les étiquettes et en visant des objectifs pertinents, tout en s’attachant à comprendre l’impact de ces objectifs et de ces métriques sur les personnes.

« La partie prenante n° 1 est le travailleur », a avancé Martin Whittaker, PDG de Just Capital. « Rien de surprenant à ce que nous ayons eu ce rappel après la COVID. Dans ESG, le « S » a gagné beaucoup plus d’importance, alors qu’il est le moins compris. Comment envisager une réussite commerciale sans investir dans le capital humain ?

Pour réussir financièrement et rester compétitif, le chemin consiste à privilégier la santé mentale et le bien-être des employés et ce, en leur montrant que vos valeurs coïncident avec les leurs. Comme l’a prouvé la « Grande Démission », les employés bougent et cherchent aujourd’hui d’autres opportunités s’ils considèrent que les valeurs de leur entreprise ne sont pas en phase avec leur éthique. Pour éviter la perte d’un précieux capital humain, les conseils doivent déterminer comment obtenir une main-d’œuvre impliquée.

« Au terme de la pandémie, nous avons réalisé que l’argent est toujours roi, mais que l’attention est reine », a déclaré Helle Bank Jorgensen, PDG de Competent Boards. « Si vous ne prenez pas soin de vos employés ou fournisseurs, comment pouvez-vous attendre qu’ils le fassent envers vous ? Nous pouvons apprendre grandement de nos parties prenantes, à condition d’ouvrir nos oreilles et d’écouter vraiment. »

Les employés ne sont d’ailleurs pas les seules personnes que les entreprises risquent de perdre si elles ne donnent pas la priorité aux mesures ESG.

« Vous devez penser à quoi ressembleront vos clients d’ici à trois ans, et ce qu’ils voudront », a avisé Jorgensen.

Planification d’une réussite ESG à long terme

Le groupe a offert plusieurs conseils aux entreprises souhaitant connaître une réussite ESG à long terme :

• Écouter activement : surveillez les signaux externes et identifiez le moment et le discours opportuns pour élaborer le point de vue, les politiques et les stratégies de l’entreprise
• Connaître votre audience : veillez à communiquer avec le langage approprié, qui a un impact
• Collaborer avec la direction et le management : travaillez pour opérationnaliser ces nouvelles politiques et créer une chaîne des responsabilités au sein des unités et des équipes respectives, afin que les cadres ESG ne se cantonnent pas à une nouvelle norme d’éligibilité
• Obtenir des données claires : « Les entreprises doivent comprendre leur identité et ce qu’elles veulent vraiment faire, puis se procurer les données relatives à leur position », a déclaré Whittaker. « Elles doivent ensuite se faire assister et trouver quelqu’un pouvant les aider à s’améliorer. Vous ne pouvez pas agir sans savoir où vous vous situez. »

L’équilibre mondial est-il en jeu ?

En raison des enjeux géopolitiques, des inégalités et des crises environnementales dont le monde d’aujourd’hui est le théâtre, les organisations doivent à tout prix comprendre l’impact plus large de leur activité et réfléchir au rôle qu’elles souhaitent jouer pour progresser.

Nous nous trouvons à un point d’inflexion : les entreprises doivent trouver un équilibre dans leurs choix, et soit se positionner pour créer de la valeur à long terme, soit s’en tenir à des victoires à court terme. Des stratégies commerciales prenant en charge les questions environnementales, sociales et de gouvernance sont indispensables pour affronter de telles décisions.

En s’écartant des étiquettes à l’origine de discordes, les dirigeants peuvent s’attaquer au cœur de ces problèmes et œuvrer à des solutions. La technologie peut fournir les données et perspectives dont votre organisation a besoin pour se lancer.