Guide : définition de l’éthique d’entreprise, enjeux et méthode

La crise socio-économique qui découle de la pandémie de COVID-19 a boosté le rôle que prend l’éthique dans la croissance des entreprises, et dans leurs valeurs sur les marchés. La définition de l’éthique d’entreprise peut varier selon l’environnement dans lequel elle se déploie. Il s’agit, dans tous les cas, de l’intégration de valeurs morales dans le fonctionnement de la société. Cette intégration recoupe cependant différents domaines d’actions, qu’il faut maîtriser pour déployer une politique d’éthique efficace pour la structure. Définition, bénéfices, enjeux et méthode : voici ce qu’il faut savoir sur l’éthique d’entreprise.

Définition de l’éthique d’entreprise

On distingue en général deux familles théoriques de définition de l’éthique d’entreprise. Il y a, d’une part, l’école anglo-saxonne, qui assimile l’éthique d’entreprise à une morale des affaires. Il y a aussi notre éthique d’entreprise européenne, directement née des législations.

L’éthique des affaires, ou “business ethics”, remonte aux Etats-Unis du XXe siècle. Elle signe la volonté de certains investisseurs de ne pas financer les entreprises qui n’incarnent pas leurs valeurs. À l’époque, cela se traduisait par exemple par le refus de financer l’industrie du tabac ou de l’alcool. Ce courant de pensée a donné naissance à l’ISR, ou Investissement Socialement Responsable.

Côté européen, la définition de l’éthique d’entreprise trouve ses prémisses dans les lois. Elle naît avec des textes législatifs comme la Loi Sapin et la loi sur le devoir de vigilance. C’est ainsi la volonté de conformité légale qui pousse les entreprises à mettre en place des règles de déontologie et des chartes éthiques.

Avec le temps, l’éthique d’entreprise s’est également imposée comme un facteur d’investissement extérieur. Elle devient donc un objectif stratégique pour les directions, qui envisagent des actions éthiques volontaires, dénuées d’obligations légales. L’éthique se fait donc une place au cœur de ce qui caractérise la bonne gouvernance.

S’il fallait se résumer, l’éthique d’entreprise peut se définir comme l’ensemble des règles qui régissent les comportements de la société en tant que personne morale, et qui influent sur l’impact social et sociétal de ses activités. Ses règles couvrent aussi bien les relations internes de la structure que ses relations externes.

L’éthique d’entreprise naît de valeurs morales définies par les instances de gouvernance. Le conseil d’administration a donc un rôle central à jouer dans leur définition. Ces valeurs doivent être assez motivantes pour installer une culture d’entreprise assimilable par toutes les parties prenantes. Le souci de l’éthique d’entreprise doit par ailleurs infuser chaque strate de la société. Il faut qu’il encourager la responsabilisation des collaborateurs, mais aussi des partenaires et fournisseurs.

À quoi sert l’éthique pour une société ?

Se donner pour objectif de développer une éthique d’entreprise recoupe de nombreux avantages pour la croissance de la société :

• définit un cadre éthique partagé, qui harmonise le comportement des collaborateurs, mais aussi le format des relations avec l’environnement extérieur ;
• rassure la clientèle en améliorant l’image de marque de la société ;
• participe à la création de valeur ;
• crédibilise la société et donc favorise sa pérennité ;
• nourrit la motivation des collaborateurs et améliore le sentiment d’appartenance.

La définition d’une éthique pour l’entreprise représente nécessairement un coût, puisqu’il s’agit de dérouler une méthode chronophage. Elle aide cependant à s’éviter les dépenses dues à un éventuel scandale.

Développer une éthique d’entreprise solide permet en outre de développer le sentiment d’appartenance des employés. C’est en tout cas la conclusion d’une étude de l’université de Dijon sur l’éthique dans les entreprises. Les collaborateurs se montrent effectivement davantage motivés par l’engagement en faveur de valeurs morales que par la recherche de profit. C’est d’ailleurs la même logique qui explique les bénéfices qu’il y a à définir une raison d’être pour son entreprise.

Dans quels domaines se joue l’éthique d’entreprise ?

Les domaines dans lesquels la définition d’une éthique d’entreprise joue un rôle stratégique se multiplient le temps passant. On en identifie cependant trois principaux :

1 / L’impact sociétal de l’entreprise

On attend de plus en plus des entreprises qu’elles se soucient des conditions de travail qu’impliquent leurs activités. Il ne s’agit pas seulement de s’assurer que les employés de la société elle-même travaillent dans un milieu et selon des règles décentes. Il faut aussi que les fournisseurs et les partenaires offrent des conditions de travail et des salaires équitables à leurs collaborateurs. C’est tout le sens de la directive européenne sur le devoir de vigilance.

Il convient donc que l’entreprise s’enquiert de l’encadrement offert aux employés de toute sa chaîne de valeur : filiales, bien sûr, mais aussi fournisseurs, partenaires, sous-traitants, clients, etc. Il s’agit de vérifier que les pratiques de vos partenaires respectent l’égalité femme-homme et la lutte contre l’exclusion de certains publics. Il faut également s’assurer que les salaires pratiqués sont non seulement valorisés mais aussi fidèles aux parcours professionnels des employés.

2 / L’enjeu environnemental

L’impact environnemental des activités de l’entreprise fait également partie des éléments à prendre en compte dans la définition de son éthique. Cet aspect fait désormais écho dans la conscience collective, vu qu’il s’impose à travers des documents officiels comme le reporting RSE. La société doit donc prévoir une politique environnementale qui régit sa gestion des déchets, des activités polluantes, son utilisation des ressources et ses engagements en matière de changement climatique et de protection de l’environnement.

3 / Pratiques sociales

L’éthique d’entreprise recoupe également les pratiques en termes d’emploi, de sécurité et de santé des collaborateurs et donc d’organisation du travail. L’entreprise doit rationaliser ses engagements en termes de diversité et d’égalité des chances. Elle doit aussi préciser son positionnement en matière de rémunération des dirigeants.

Rappelons, d’ailleurs, que l’éthique d’entreprise est susceptible de recouper l’ensemble des domaines couverts par la Responsabilité Sociale d’Entreprise, telle qu’elle est définie par la norme ISO 26000 : gouvernance, droits de l’homme, conditions de travail, environnement, gestion des consommateurs, communautés et développements locaux.

Comment mettre en place une stratégie éthique pour sa structure ?

Y a-t-il une méthode pour définir son éthique d’entreprise ? À vous d’établir le processus qui vous semble le plus adapté à votre société. Vous pouvez, cependant, vous inspirer de ces quelques étapes :

1 / Évaluer les dysfonctionnements, les enjeux moraux spécifiques à votre société et ses objectifs en la matière. C’est le moment de sonder les situations de travail qui représentent un risque social, sociétal ou environnemental, mais aussi les comportements potentiellement néfastes et les éventuels conflits d’intérêt.

2 / Choisir votre document éthique de référence. Une charte éthique simplifie les valeurs que vous voulez investir, pour que chaque collaborateur se l’approprie. Elle prévoit donc aussi un code de conduite. Vous pouvez, en outre, prévoir un guide des bonnes pratiques, qui détaille l’ensemble des comportements à promouvoir pour chaque département, mais aussi pour chaque filiale ou fournisseur.

3 / Communiquer en interne sur le document qui rassemble vos engagements éthiques.

Qui se charge de ce processus ? Vous pouvez nommer un comité d’éthique, qui travaillera en collaboration avec les différents managers pour s’assurer d’un travail transversal.