Gouvernance
Affaire de la directrice générale Isabelle Kocher : les enseignements de son éviction chez Engie
Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie et seule femme à la tête d’une entreprise du CAC 40, a officiellement été débarquée le 6 février 2020 avant même le terme de son mandat de quatre ans en mai 2020. Elle dirigeait le groupe leader de l’énergie depuis 2016. En cause, des désaccords avec le président du conseil d’administration et le manque de soutien du conseil dans son ensemble qui ne partage pas sa vision autour des énergies renouvelables. Quelles sont les perceptions des parties prenantes du dossier concernant Mme Kocher ? Que retenir de cette affaire du départ de la dirigeante de la société spécialisée dans les énergies, véritable crise de gouvernance d’entreprise ?
1/ Des opinions divisées sur la directrice générale d’Engie Isabelle Kocher
Les avis sur la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, sont pour le moins contrastés. Dans le clan de ses partisans, certains affirment qu’en seulement quatre ans, elle a désengagé l’ex-GDF Suez du charbon et a vendu entre 2016 et 2018 pour 15 milliards d’euros d’actifs. De cette manière, elle a recentré le groupe, comptant 150.000 salariés, sur le gaz, les énergies vertes et les services liés à la transition énergétique.
La dirigeante a aussi procédé à une réorganisation géographique et une transformation des métiers de la société. Depuis 2019, cette métamorphose de la firme s’est accentuée en donnant encore plus de place aux services à haute valeur ajoutée et aux énergies renouvelables, en réponse notamment à la demande des collectivités locales et des citoyens. Cette véritable transition énergétique du géant français de l’énergie a été couronnée de quelques succès intéressants.
Cependant, pour d’autres, la directrice générale n’est pas au niveau des exigences que l’on peut avoir envers un tel poste clé. Ainsi, le camp du président du conseil d’administration, Jean-Pierre Clamadieu considère que la patronne d’Engie ne s’applique pas à exécuter correctement la stratégie décidée par le conseil et pointe un déficit de confiance. Le conseil d’administration souhaite ainsi qu’Engie vende des réseaux gaziers afin d’engranger quelques milliards d’euros, susceptibles de redonner le sourire au cours boursier.
Par ailleurs, d’autres critiques ont été adressées à Mme Kocher. Il lui a ainsi été reproché d’avoir une gestion trop personnelle de ses hautes fonctions. Certains membres du conseil d’administration ont regretté d’être trop souvent tenus à l’écart, en particulier au moment de la présentation au Premier Ministre, Édouard Philippe, d’un projet d’opération publique d’achat sur le Groupe Suez. D’une façon plus globale, ses méthodes de management et de gouvernance étaient peu appréciées de certains. Elle a visiblement eu du mal à imposer sa légitimité à cette fonction et son tempérament.
De plus, certains ont jugé que la stratégie de la patronne d’Engie était peu compréhensible, avec trop de métiers au sein de la compagnie de services énergétiques et un message sur le gaz manquant de clarté. Il était, en tout état de cause, difficile à entendre par certains, attachés au passé des anciennes sociétés dont sont issus Engie, GDF et Suez.
D’une façon synthétique, cette affaire très médiatisée montre que la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, avait de profonds désaccords avec le président du conseil, M Clamadieu, et même son prédécesseur, Gérard Mestrallet. In fine, elle a perdu le soutien de l’État, l’actionnaire majoritaire du groupe de services énergétiques. Là encore les relations n’ont pas toujours été au beau fixe avec le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno le Maire, notamment lorsque la directrice d’Engie a fait campagne pour cumuler la présidence.
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2/ Les leçons à tirer de cette affaire de la DG d’Engie, Isabelle Kocher
Le groupe Diligent a identifié 3 éléments déclencheurs d’une crise en entreprise, tous liés à un déficit de gouvernance, comme dans le cas de la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher. Ces points cruciaux sont le manque de visibilité, le manque de données et le manque de sécurité.
Lesquels de ces facteurs déclencheurs s’appliquent le plus au cas de la crise de gouvernance à la tête d’Engie ? La sortie d’Isabelle Kocher a été accélérée par les mauvaises relations qu’elle entretenait avec le conseil d’administration et avec les actionnaires. Les uns et les autres l’accusent d’un mauvais management et d’une stratégie mal comprise. Un bras de fer long et éprouvant en a découlé avec une véritable épreuve de force, des rumeurs et des coups bas.
Pourtant, certains acteurs externes de l’entreprise ont soutenu la directrice générale dans ses démarches et actions. Pourquoi de telles divergences dans les avis sur la dirigeante de la société énergétique ? Nous identifions ici un problème de visibilité et d’accès aux données.
En effet, les administrateurs ne disposaient pas des outils nécessaires pour comprendre le chemin choisi par Mme Kocher. Ainsi, ils n’ont pas pu adhérer à sa stratégie. Un manque de communication sur les enjeux et opportunités, potentiellement même induit par un déficit d’accès aux données, a généré cette crise qui est aujourd’hui largement médiatisée.
En conclusion, l’affaire de la directrice générale du groupe Engie témoigne de toute l’importance de la gouvernance moderne au service des entreprises françaises. Avec le Governance Cloud et son écosystème, Diligent offre aux entreprises un audit complet de leurs pratiques de gouvernance et des outils personnalisés pour une gouvernance au service des performances de l’entreprise. Ainsi, nous pouvons proposer un management de l’e-réputation, une messagerie instantanée hautement sécurisée, une salle de données virtuelle… Profitez d’outils sur-mesure pour conseils d’administration et interconnectés pour une meilleure gouvernance.
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