Le conseil d’administration est une instance de gouvernance spécifique, tant en termes de responsabilités que de composition. Ses particularités entraînent des freins à la digitalisation, dont il convient d’avoir conscience pour démarrer ou installer la transformation digitale du CA. Besoin de formation des administrateurs et administratrices, manquements des logiciels de gouvernance existants, nécessité de diversifier les profils du CA… Découvrez les 4 principaux freins à la transformation digitale et numérique du CA, et les pistes pour les contourner.

Les freins à la digitalisation du conseil d’administration

La crise du COVID-19 a mis les conseils d’administration face à leurs retards en termes de transformation digitale. Lors du Digital World Café de juin 2020 mené par Atout DSI, Diligent a effectivement rencontré de nombreuses entreprises qui ont dû improviser leur digitalisation, contraintes par les confinements.

D’autres sociétés ont tout simplement renoncé provisoirement au bon fonctionnement de la gouvernance. Certaines ont ainsi annulé les séances du CA. Les salles de réunion virtuelles auraient pourtant permis de les maintenir. L’épidémie a ainsi rendu visibles les manquements des administrateurs et des administratrices en termes de digitalisation. Un vrai problème, quand on sait à quel point les conseils d’administration occupent le cœur de la transition numérique des entreprises.

Les conseils d’administration en difficulté technologique

Notre rapport Diligent / Forrester sur la fracture numérique du conseil d’administration met en avant le fait que 56% des membres du conseil utilisent encore leurs emails pour échanger. 47% passent en outre par des messageries instantanées grand public pour chatter en interne. Il arrive par ailleurs souvent que les membres du conseil perdent leurs téléphones ou leurs ordinateurs portables. Ils mettent ainsi en péril la sécurité de l’entreprise.

Parallèlement, cette étude souligne que les technologies déjà en place n’aident pas les conseils d’administration à performer :

• Les logiciels existants ne permettent pas d’identifier des données de gouvernance pertinentes ;
• Ils ne favorisent pas l’identification des risques ;
• En cas de crise, les solutions déjà installées ont davantage freiné les administrateurs et administratrices qu’elles ne les ont aidés à réagir rapidement.

Quels freins à la digitalisation derrière ses difficultés des CA ?

Les comportements que notre étude relève permettent d’identifier différents freins à la digitalisation que la Direction des Systèmes d’Information doit prendre en compte :

1 / Les membres du conseil d’administration ont conscience de l’impériosité du digital. Ils manquent cependant encore de formation quant aux comportements à adopter pour soutenir une transformation digitale raisonnée et cyber sécurisée. Avoir conscience des vulnérabilités humaines de chacun, principale menace pour la sécurité informatique de l’entreprise, relève donc de la priorité.

Cette conclusion rejoint un des enseignements d’une enquête L’Usine Digitale sur la transformation numérique des entreprises. Selon cette étude, 36% des dirigeants d’entreprises estiment que le manque de repères dans la façon de se digitaliser représente un frein à la digitalisation, au même niveau que le manque de formation. 1⁄3 des dirigeants interrogés confirment ce manque de repères au niveau personnel. 46% pensent en outre que la mauvaise compréhension des usages du numérique nuit à la transformation digitale de l’entreprise.

La difficulté à mener à bien la formation des administrateurs et administratrices doit aussi être prise en compte. L’Usine Digitale relève effectivement que si 45% des entreprises ont commencé des formations au digital, 34% restent au stade de la planification.

2 / Les solutions logicielles de digitalisation de la gouvernance déjà en place desservent les conseils d’administration. Cette conclusion rejoint ici encore les données révélées par L’Usine Digitale. 57% des décideurs interrogés affirment effectivement que les technologies utilisées depuis quelques années freinent la digitalisation.

3 / Les membres des conseils d’administration restent majoritairement composés de profils seniors, malgré les politiques de diversification. Les nouveaux logiciels installés ne peuvent donc pas être utiles sans une période d’onboarding suffisante. Les solutions qui ne prévoient pas de service client conséquent peinent également à être apprivoisées par le CA. C’est pourquoi le fait de sous-estimer le service client fait partie des erreurs courantes détaillées dans notre guide de la digitalisation.

4 / Ce troisième point en amène un quatrième : la nécessité de recruter des profils d’administrateurs et d’administratrices formés au digital. Ceux-ci peuvent devenir moteurs de la transformation digitale du conseil. La politique de recrutement joue d’ailleurs à 30% comme un frein à la digitalisation selon L’Usine Digitale.

Comment contourner les freins à la transformation digitale des CA ?

Une étude révélée en 2015 lors du salon Digital Marketing One et relayée par DAF Mag met le doigt sur les facteurs qui permettent de lutter contre les freins à la digitalisation :

• 82% des répondants estiment que le souci du client final est le principal moteur de la digitalisation de la société ;
• 76% pensent que c’est la concurrence qui entretient le besoin de se digitaliser ;
• 65% citent la volonté de la direction.

Dans sa communication avec les membres du conseil d’administration, la DSI peut donc s’appuyer sur ces éléments pour accélérer la digitalisation. L’étude cite en outre différents “éléments décisifs” pour lancer définitivement la transformation digitale :

• 63% des décideurs disent que la formalisation d’une véritable stratégie de digitalisation a fait basculer les choses ;
• 60% pensent que c’est la mise en place d’un leadership identifié ;
• 56% estiment que c’est la capacité à mesurer le ROI de la digitalisation qui a motivé les collaborateurs.

Appliquées au CA, les pistes de contournement des freins à la digitalisation consistent donc à s’entendre autour d’une stratégie convaincante et mesurable. La DSI, ou la/le directeur de la transformation digitale, peut aussi s’appuyer sur un « responsable digitalisation” interne au CA pour porter le leadership nécessaire à la transition.