Problèmes et tendances
Pourquoi la rémunération des dirigeants de société baisse ?
Le PDG de L’Oréal, Jean-Paul Agon, mais aussi Bernard Arnault de LVMH, Sophie Bellon de Sodexo ou Alexandre Bompard de Carrefour. Ils sont nombreux, les dirigeants de grandes entreprises françaises qui ont communiqué sur la réduction de leurs salaires en 2020. Au total, les baisses des rémunération des dirigeants de société ont concerné une majorité d’acteurs du CAC 40. Entre volonté de profiter des aides étatiques, souci d’image et baisse globale des résultats commerciaux, ce comportement trouve plusieurs explications.
Des incitations étatiques à réguler les rémunérations de dirigeants de société
L’influence du gouvernement dans la rémunération des dirigeants d’entreprise a commencé à s’installer avant la crise sanitaire, notamment avec le principe de “say on pay”. Si beaucoup de sociétés ont réduit ces rémunérations dans le cadre de la COVID-19, la baisse se révèle pourtant moins impressionnante qu’on ne pourrait le croire. Certaines entreprises choisissent pourtant de ne pas toucher à leurs politiques de rémunération.
L’intervention de l’État installée depuis 2016
L’intervention du gouvernement français croît dans le domaine de la rémunération des dirigeants de société. Cette forme de doux étatisme passe notamment par le principe de rémunération par say on pay, appliqué aux sociétés cotées. Celui-ci nous vient notamment de la loi Sapin 2 sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique de 2016.
Le say on pay consiste à permettre aux actionnaires d’approuver les rémunérations des dirigeants en assemblées, sans intervention du conseil d’administration. Cette régulation des comportements financiers pratiqués dans les sociétés cotées annonçait alors d’autres législations contraignantes, notamment dans le domaine de l’écart de rémunération entre salariés et dirigeants.
COVID-19, chômage partiel et baisse du variable
Avec la crise sanitaire, le gouvernement français a effectivement influé sur les modalités de rémunération des dirigeants. L’État a notamment mis en place des conditions spécifiques pour permettre aux entreprises de profiter d’aides publiques. Ces aides concernent principalement le report des charges sociales et fiscales, mais aussi le chômage partiel et les prêts garantis par le gouvernement.
Parmi ces conditions d’attribution figure ainsi notamment la nécessité, pour les dirigeants d’entreprise, de renoncer à 25% de leur rémunération globale si l’entreprise recourt au chômage partiel. Le gouvernement, en la personne du président de la République, a également demandé à ce que les versements des dividendes aux actionnaires se réduisent. Certaines sociétés ont ainsi pris le parti d’en suspendre le versement, comme c’est le cas d’Airbus ou de Safran. D’autres ont simplement réduit leurs montants, telles que Michelin ou Véolia.
Comme le soulignent deux économistes de la Kedge business school de Bordeaux dans un article sur l’impact du chômage partiel sur les grandes sociétés, cette méthode de gestion de crise n’est pas née avec le COVID-19. Déjà en 2008, les rémunérations variables de certains dirigeants avaient diminué. La rétribution annuelle totale avait baissé de 43% entre 2009 et 2007. Une chute qui s’explique surtout par celle des rémunérations incitatives.
Les deux économistes en concluent que la baisse des salaires des dirigeants liée à la crise sanitaire est comparativement assez réduite. Certaines sociétés ont néanmoins préféré renoncer aux aides étatiques, tout en promettant de participer à l’effort de solidarité nationale. C’est notamment le cas de Total, Danone ou encore de Publicis.
La rémunération des dirigeants de société au cœur de la bonne gouvernance
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2 . Le ralentissement global des activités
Le calcul de la rémunération du directeur général ou du président-directeur-général relève d’une certaine complexité. Il englobe à la fois le salaire, les actions et stock-options, les jetons de présence et les dividendes prévus par le contrat de travail. Dans le processus de définition de la rémunération des dirigeants mandataires sociaux interviennent néanmoins deux grands composants :
– Selon le modèle de rémunération actuel, la part fixe fait ainsi l’objet de révisions espacées ;
– Le variable dépend, lui, de la performance du dirigeant, mais aussi de celle de l’entreprise. Cette part variable découle donc de la capacité du dirigeant à atteindre ses objectifs.
La législation française prévoit que le CA a le droit de ne pas appliquer la politique de rémunération prévue. Il faut pour cela que cette dérogation temporaire s’exerce dans l’objectif d’assurer la pérennité de l’entreprise, ou un « intérêt social”(Vie Publique). De nombreuses sociétés passent ainsi par cette disposition légale pour modifier les critères de performance de leurs chefs d’entreprise.
Il faut dire, parallèlement, que le ralentissement des activités de bon nombre de sociétés restreint considérablement la possibilité, pour les DG et PDG, d’atteindre leurs objectifs. Il paraît donc logique que le CA les revoit à la baisse. Les rémunérations globales des dirigeants devraient également diminuer avec la chute des cours boursiers, vu que ceux-ci impactent directement les actions et stock-options.
3. Une stratégie de communication autour de l’exemplarité
Les dirigeants sociaux apparaissent de plus en plus régulièrement sur le devant de la scène. Particulièrement exposés médiatiquement, un de leurs principaux rôles dans le contexte sanitaire consiste donc à faire preuve de solidarité avec le pays, mais aussi avec les salariés.
Quand de grands noms comme Sophie Bellon, Alexandre Bompard, ou Carlos Tavares de PSA renoncent à une partie de leurs salaires – y compris à leurs rémunérations fixes – c’est donc aussi une stratégie de communication externe. Celle-ci vise l’État, mais également l’opinion publique, et donc les utilisateurs et clients.
Ce comportement relève en outre d’une forme de communication interne. Il permet effectivement de se prémunir d’attaques de la part des salariés, syndicats et actionnaires, comme le soulignent les deux économistes de la Kedge business school.
Ce n’est donc pas un hasard si ce renoncement partiel, parfois total, à la rémunération des dirigeants de société s’accompagne aussi d’actions de solidarité :
- plan de solidarité avec les salariés chez Carrefour et Sodexo ;
- récolte de fonds pour la fondation PSA de lutte contre l’exclusion ;
- reversement d’une partie du salaire de Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain) aux Hôpitaux de Paris.
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